Les prescriptions du Dr Muller

Vince Taylor : animal, on est mal

 


Un concert de Vince Taylor

Vince Taylor fût l'un des précurseurs de Jim Morrison, de John Kay, des Music Machine et de tant d'autres qui se bardèrent de cuir noir pour magnifier leur animalité sexuée.

Tout d'abord il y a l'image : un jeune homme, le cheveux gominé, habillé de cuir noir des pieds à la tête sans oublier les mains gantées. Mais ce n'est pas tout, il y a aussi la chaîne à vélo au bout de laquelle pend une médaille de Jeanne d'Arc dont on se demande ce qu'elle vient faire là, provocation ? Ce jeune homme, c'est Maurice Brian Holden, né le 14 juillet 1939 à Londres. A la fin des années 40, il quitte l'Angleterre avec sa famille pour les USA, le New Jersey, puis Hollywood. A cette époque, Maurice Brian rêve de devenir aviateur mais son rêve tourne court. Il se tourne alors vers la musique et Elvis Presley qui l'influence durablement.

L'Angleterre

1958, Vince retourne en Angleterre accompagné de Joe Singer, le mari de sa sœur Sheila. Il compte bien tenter sa chance. Pour ce faire, il se présente comme américain, ça fait toujours mieux pour un rocker. C'est à cette époque qu'il compose son personnage, un personnage fortement influencé par Gene Vincent et son pantalon de cuir noir. Il pousse simplement l'idée plus loin. A l'époque, il est accompagné par les Playboys (Brian Bennett à la batterie, Brian Locking à la basse et Tony Sheridan à la guitare). Avec ces derniers, il enregistre un 1er 45 T qui ne marche pas trop. Alors, il décide d'émigrer en France où le rock vient d'être porté sur les fonds baptismaux par les Chat Sauvages, Chaussettes Noires, Danny Boy et autres Halliday.

La France

Brand New cadillacArrivé en France avec de nouveaux Playboys composés de Johnny Vance, basse, Alan le Calire, piano, Bob Steele, guitare, Bobbie Clarke, batterie, Vince fait un malheur. Découvert par Eddie Barclay, il enregistre des reprises de Chuck Berry (« Sweet Little Sixteen »), Eddie Cochran (« Twenty Flight Rock »), Little Richard (« Long Tall Sally ») , Johnny Kidd (« Shakin' all Over ») sans oublier, bien sur, le classique qu'il a composé : « Brand New Cadillac » repris notamment par les Clash. Sans attendre, Eddie Barclay, sort un album de Taylor: Le rock, c'est ça. Ses shows préfigurent alors la Beatlemania mais aussi le punk. En effet la sauvagerie des shows couplée à une sexualité explicite et à une aura de mauvais garçon en font vite le favori des « blousons noirs ». Cela se manifeste par des violences lors de ses concerts : bagarres avec la police, fauteuils arrachés, salles saccagées. Si le scandale et l'émeute le rendent célèbre dans un premier temps, dans un second, il ne trouve plus de salles où se produire et ses disques se vendent mal.

Il faut dire que Vince Taylor chante le plus souvent en anglais ce qui pour un public français n'est pas attractif. Et ce d'autant plus que la concurrence, elle, chante en français. Une fois que le scandale et la provocation ont fait leur effet, l'Ange Noir du rock voit le vent tourner et la chute s'amorcer.

Brand New Cadillac

Twenty Flight Rock

Pas de seconde chance ou plus dure sera la chute

A partir de 1964, Vince tente de rebondir mais il est déjà passé du statut d'idole éphémère et sulfureuse à celui d'artiste maudit. Il tentera bien de conjurer le sort mais il est déjà un has-been. Le rocker sulfureux s'est transformé en hippie clochardisant qui se tourne vers la défonce et, un jour, prend un acide qui malheureusement le laissera coincé dans son délire.

En 1965, Vince accompagné du Bobby Clark Noise fait la première partie des Rolling Stones à l'Olympia. Sa prestation enregistrée sera pratiquement l'un de ses derniers disques marquants. C'est aussi son dernier concert réussi. Le mois suivant, le concert à la Locomotive est complètement raté par notre homme qui connaîtra même les joies de l’hôpital psychiatrique.

L'impossible retour

Vince Taylor -Jacky ChalardLa suite voit Vince se clochardiser, chanter dans une pizzeria pour quelques sous. Il fera bien des tentatives de come-back mais celles-ci sont plombées par la mauvaise qualité de prestations en tout point inférieures à sa légende. Il est toutefois récupéré par des fans dont Jacky Chalard (cf. image), ex Dynasty Crisis, fan de rockabilly et fondateur du label Big Beat qui produit, en 1980, un album de Vince : Luv. Taylor se produit notamment avec Matchox, un groupe anglais de revival rockabilly, avec Magnum, avec Patrick Verbeke et Jacky Chalard.. Il participe ensuite à l'émission « Chorus » avec Antoine de Caunes. Il joue encore avec le groupe toulousain Jezebel Rock. En 1983, il émigre en suisse, se marie et abandonne toute idée de retour bien qu'il lui arrive encore de chanter encore en 1986, 1987. Vince Taylor nous quitte en 1991 suite à un cancer. Il laisse l'image d'une météorite dont la trace est toujours visible.


David Bowie a déclaré s'être inspiré de l'étoile filante Vince Taylor pour son personnage de Ziggy Stardust. Cela semble plausible pour une carrière qui préfigure les destins d'un Iggy Pop, d'un Jim Morrisson, d'un Darby Crash : trop, trop vite.

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