Toujours en activité, Dr. John est l'un des plus grands pianistes, auteur-compositeur de la Nouvelle Orléans.

Malcom « Mac » Rebennack aussi connu comme Dr. John, Mac Rebennack, Dr. John Creaux, a débuté très tôt dans la musique : il commence à jouer en professionnel pour les studios Crescent City Studios à l'âge de 14 ans ! Son premier album sort alors qu'il n'a que 17 ans... Il collabore alors avec les labels Ace et Specialty pour lesquels il produit et écrit des chansons pour les artistes locaux. En 1960, il est déjà président et dénicheur de talents pour Ric & Ron Records, un label régional de la Nouvelle Orléans. Après un long séjour à la prison fédérale de Fort Worth pour usage de drogues en 1964, il s'exile à Los Angeles où il y a de la demande pour les musiciens de studio.

Los Angeles

C'est là qu'il rencontre Battiste qui l'introduit auprès de Sonny Bonno (Sonny & Cher) et de Phil Spector. Quelque temps après, il devient pianiste pour les Mothers of Invention de Frank Zappa mais celui-ci le vire du groupe car il refuse de travailler avec des musiciens qui prennent des drogues. Mac Rebennack expliquera plus tard qu'il a commencé à prendre toutes sortes de stupéfiants à l'âge de 12 ans et qu'il ne s'est débarrassé de cette mauvaise habitude que dans les années 80. En conséquence, sa carrière a été marquée par des arrestations pour possession et usage de drogues, des mauvais contrats, des problèmes avec les managers, etc.

Gris gris

Tout cela ne l'empêche pas d'être très actif. Il joue de la guitare et du piano sur les albums de rien moins qu'Oxford Circle, Iron Butterfly, Buffalo Springfield, Hourglass (futurs Allman Brothers), John Sebastian (Lovin' Spoonfull), Sonny & Cher. C'est en 1967 qu'il invente le concept d'un groupe mené par Dr. John, en référence à Dr. John, un magicien vaudou célèbre au 19ème siècle à la Nouvelle Orléans. L'album qui en résulte Gris-Gris (1968) est dans l'air du temps hippie et devient rapidement un succès underground qui passe sur les radios rock et remporte un succès critique.

Ce qui est aisément compréhensible à la lecture des paroles de « Gris-Gris » :

« Ils m’appellent Dr. John

Connu comme le Voyageur de la Nuit

J'ai mon sac de gris gris dans ma main

Voyageant de haut en bas du bayou

Je suis le dernier des meilleurs

Je suis connu comme l'homme gris gris

J'ai de nombreux clients qui viennent de loin

Pour mes prescriptions

J'ai des médecines pour tout soigner

J'ai tous les remèdes possibles »

 

Dr John : Gris Gris

The Night Tripper

Évidemment, on est en droit de penser que ce Voyageur de la Nuit est un vendeur de drogues diverses ce qui explique le succès de l'album. Sur cet album, on retiendra aussi « Walk On Gilded Splinters », exemple parfait de ce que l'on peut appeler Vaudou Rock. Sur scène, Dr John fait sensation car il se produit habillé en sorcier vaudou et ses musiciens sont costumés comme s'ils participaient à un carnaval de la Nouvelle Orléans. Costumes parés de plumes, fumées, serpents, bougies et encens font partie de la mise en scène. C'est aussi la période ou Dr John et son groupe fréquentent les anarchistes de San Francisco, les Diggers d'Emmett Grogran, et les Hell's Angels locaux ce qui leur vaut quelques problèmes avec les autorités locales.

 

Dr John : Walked On Gilded Splinters

Babylon

En 1968, Atlantic demande à Rebennack un second album. Rebennack et Battiste écrivent des chansons au sujet de la fin du monde et intitulent l'album Babylon (1969). Le titre éponyme de l'album comporte ces paroles :

« Plus de politiciens, plus de religions suprêmes pour vous guider dans les ténèbres

Les love-in et human-be-in n'éclaireront plus Griffith Park »

Paroles suivies immédiatement d'une explosion atomique. Babylon est une vraie pépite psychédélique avec comme ingrédients la voix cassée de Dr John, des tonnes de percussion, chœurs féminins et guitares.

Le soleil, la lune, les herbes

Ensuite Dr John fait un séjour à l'hôpital psychiatrique de St Louis (Missouri) pour les mêmes raisons qui lui ont valu de se retrouver en prison. Il réussit à s'en extirper et va à Miami tandis que sort Remedies (1970), le troisième album. Puis c'est une tournée européenne émaillée par des histoires de drogues et de visas. Tandis qu'il est à Londres, Dr. John enregistre un triple album, The Sun, Moon and Herbs (1971), avec des invités comme Eric Clapton, Mick Jagger, Graham Bond. Mais les bandes de l'album sont perdues et c'est un album simple qui est sorti par Atco. Le résultat est peu convaincant mais a ses moments...

Gumbo

En 1972, Dr. John enregistre l'un de ses meilleurs albums : Gumbo. Un album entièrement composé de classiques du rythm'n blues de la Nouvelle Orléans. Un album d'hommage à cette musique avec des reprises d'Huey Piano Smith (« High Blood Pressure – Don't You Just Know It – Li'l Liza Jane ») et des classiques comme « Iko Iko », « Let The Good times Roll », « Junko Partner ».

 

 

Dr John : Iko Iko

Par la suite, il hésitera toujours entre les rythmes voodoo et le rythm'n blues de la Nouvelle Orléans. On vous conseillera de se procurer les albums précités ou sinon une excellente rétrospective de sa carrière, The Very Best Of Dr. John, sortie en 1995 sur Rhino Records.